Propriétaire du Château Cazebonne et l’un des animateurs du groupe Bordeaux Pirate, Jean-Baptiste Duquesne a publié le 24 avril 2025 sur sa page LinkedIn un texte qu’il m’a autorisé à reproduire.
« La campagne Primeurs Bordeaux pour le millésime 2024 a démarré dans un contexte économique particulièrement sinistré. Suite à une campagne primeurs 2023 qui n’a pas fait recette, quelle va être la position des acheteurs face à ce millésime ? Pendant longtemps, l’attrait principal de l’achat en primeur était simple : payer moins cher un vin destiné à prendre de la valeur. L’idée, pour beaucoup de particuliers, était limpide : “J’achète 12 bouteilles, j’en revendrai 6 dans quelques années, et les 6 autres je pourrai les boire ‘gratuitement’ ”. Une logique spéculative qui a fait les beaux jours des ventes en primeur…
Mais aujourd’hui, Bordeaux se retrouve doublement prisonnier de ce système :
- Le marché est baissier pour de nombreux vins : la promesse de plus-value s’est évaporée, rendant l’argument spéculatif caduc pour la majorité des acheteurs.
- La nécessité de construire des vins « de garde » : pour justifier une potentielle prise de valeur future, on tend à privilégier des vins puissants, tanniques, qui demandent des années de cave… Or, le consommateur moderne ne veut (souvent) plus attendre ! Il se détourne de ces vins « à attendre » pour chercher un plaisir plus immédiat ailleurs.

Bordeaux est devant ce dilemme : comment redonner envie aux consommateurs de racheter des vins en primeur ? Cela a contribué à la force et au prestige des vins de Bordeaux dans le monde entier. Et l’approche est sur le principe gagnant-gagnant : l’amateur acquiert des bouteilles à moindre prix. Le producteur obtient le financement de sa récolte qu’il va mettre de longs mois avant de la mettre en marché.
Nous croyons beaucoup aux vertus de ce système. Mais il nous faut pour cela revenir aux fondamentaux :
- On n’achète pas du vin pour spéculer, on achète du vin pour se faire plaisir. A nous vignerons d’entendre cette demande et de proposer des vins qui soient délicieux à tout âge. Henri Jayer ne disait-il pas ‘qu’un grand vin doit être bon quel que soit l’âge auquel on l’ouvre.’.
- Proposons une réel prix attractif (généralement -30% chez nous) par rapport à son prix de sortie, surtout si on propose d’excellents rapports qualité-prix. C’est le meilleur gage pour que nos clients n’hésitent pas à ouvrir une bouteille quand l’occasion se présente. Et vendredi soir est souvent une bonne occasion…
Peut-être qu’un autre Bordeaux, moins spéculatif, plus orienté plaisir, partage et bonne affaire, est possible ? Qu’en pensez-vous ? » [Jean-Baptiste Duquesne]
Si vous souhaitez commenter ou lui répondre : contact@cazebonne.fr – Infos: www.cazebonne.fr
Marc Vanel – 25/04/25 (le titre est de ma responsabilité)